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BRUNO DOUCEY
Selected poems
Translated by JOHN POPE
Selected poems
Translated by JOHN POPE
ABODE
Memory and pain still mingle there
like sun and fountain on the neighboring path
What do we know of blind façades?
What do we know of those verdant pits
where life is denser and harder than elsewhere?
At afternoon's end the chimney's shadow
slides the length of the roof to attain the wood
It was an immobile, faint presence
far from the bridges of town
LA DEMEURE
Le souvenir et la douleur s’y confondent encore
comme soleil et fontaine sur la sente voisine
Que savons-nous des façades aveugles ?
Que savons-nous de ces trous de verdure
où la vie est plus dense et plus dure qu’ailleurs ?
En fin d’après-midi l’ombre portée de la cheminée
glisse le long du toit pour atteindre le bois
Ce fut une présence immobile et ténue
loin des ponts de la ville
TWO SUNS
They are no longer suns
but two beings strained toward an unsayable inner realm
toward a taste a languor a loving connivance
Those faces in profile or from the front
that frail neck bent under the weight of a star
that somber fecund heart where life thickened
before being sown in the hives of the wind
It is not a sun
but the dazzling gaze
of death and time
DEUX SOLEILS
Ce ne sont plus des soleils
mais deux êtres tendus vers un indicible royaume intérieur
vers une saveur une langueur une amoureuse connivence
Ces visages de profile ou de face
ce cou frêle plié sous le poids d’un astre
ce cœur sombre et fécond où la vie s’épaissit
avant d’être semée dans les ruches du vent
Ce n’est pas un soleil
mais l’éclatant regard
de la mort et du temps
FOLDS
Flesh and soul, folded and refolded,
sometimes bear the seal of ancient wounds
We are alone in the world
incapable of living
without renouncing the cry that immobilizes us
We are alone in ourselves
where so many voices go silent
where so many paths become knotted
Yet it happens that words overtake us
and for no reason fill our vast solitudes
Who knows what life fashions within life?
REPLIS
Les plis et les replies de la chair et de l’âme
portent parfois le sceau des anciennes blessures
Nous sommes seuls au monde
incapables de vivre
sans renoncer au cri qui nous immobilise
Nous sommes seuls en nous
où tant de voix se taisent
où tant de voies se nouent
Il arrive pourtant que les mots nous rejoignent
et comblent sans raison nos vastes solitudes
Qui sait ce que la vie façonne dans la vie ?
THE WAIT
Between untroubled waiting and suspicious life
between limpid morning and opaque thickness
Noon the unjust
refuses to chime
I belong to my day as one belongs to one's life
this land of hills
whose contours empty out into the hollow of the dales
L’ATTENTE
Entre l’attente légère et la vie soupçonneuse
entre le matin clair et la sourde épaisseur
Midi l’injuste
au refus de sonner
Je suis de ma journée comme on est de sa vie
ce pays de collines
où les formes s’épuisent dans le creux des vallons
PATHS OF THE WIND
Nomadic notebooks
Anticipating
the dazzling mineral splendor
facing the shores of night
I think of you
and rejoin myself
Calligraphy of wind
on the page of the dunes
Of the other I only know
evening’s expanse
and but little of his night
yet the other looks at me and speaks
through a forest of gestures and tears
dried by the wind of the plains
In the far-off serrations
before the sands
so close, at last, to the light
Tracks of the other
trace tears
in the dust of tomorrows
Calligraphy of dunes
on the page of the wind
Let
the serpent
of words
coil up
on the sands
and there
itself
devour
CHEMINS DU VENT
Carnets nomades
Dans l’attente
de l’éblouissante splendeur minérale
face aux rivages de la nuit
je pense à vous
et me rejoins
Calligraphie du vent
sur la page des dunes
Je ne connais de l’autre
que l’étendue du soir
et le peu de sa nuit
mais l’autre me regarde et me parle
à travers une forêt de gestes et de larmes
que le vent de la plaine assèche
Dans l’échancrure des lointains
avant le sable
si proche enfin de la lumière
Traces de l’autre
trace des larmes
dans la poussière des lendemains
Calligraphie des dunes
sur la page du vent
Que
le serpent
des mots
s’enroule
dans le sable
et s’y
dévore
MARINE
MARINE
To Zao Wou Ki
Words without fear and without refusal
Memories, submerged or mixed
sea and shore the spindrift dispersed
it's your life within life
that ebbs and flows
the brush freely
on the crest of waves
imposes its voyage
Voyages of a season voyage without reasons
across lands of light and salt
I dream
and know other worlds where painting accompanies me
I know the wind the waves
the force that carries away the wood of which flutes are made
I know under the brush the ink of your silences
MARINE
À Zao Wou Ki
Ce sont des mots sans crainte et des mots sans refus
Ce sont des souvenirs engloutis ou mèlés
la mer et le rivage les embruns emportés
c’est ta vie dans la vie
qui flue et qui reflue
Le pinceau librement
sur la crête des vagues
impose son voyage
Voyages de saison voyage sans raisons
A travers les contrées de lumière et de sel
Je rêve
Et je sais d’autres mondes où peindre m’accompagne
Je sais le vent les vagues
La force qui emporte ce bois dont sont faites les flûtes
Je sais sous le pinceau l’encre de tes silences
TOWARD THE ICEBERGS
Arctic depths polar lines
flashes
That brightness that lightning
suddenly
shot out from nowhere
Silence of those instants fixed in their flight
Silence of matter
abruptly engulfed
in a world upside-down
VERS LES ICEBERGS
Profondeurs arctiques lignes polaires
fulgurances
Cet éclat cet éclair
soudain
jailli de nulle part
Silence de ces instants figés dans leur fuite
Silence de la matière
brusquement engloutie
dans un monde à l’envers
THROUGH THE VILLAGES
I'll pass through the villages
whose solitudes evoke childhood
I'll cross that land of bronzed skin
of burnt bread and blushing ochres
Uphill paths faults silence
Footsteps to raise the dust of words
to cleave the flint of dreams eroded
Steps
to weave together
the tatters of memory
PAR LES VILLAGES
J’irai par les villages
où sont les solitudes à remonter l’enfance
J’irai sur cette terre de peau cuivrée
de pain brûlé et d’ocres rougissants
Chemins d’amont failles silence
Des pas à soulever la poussière des mots
à fendre le silex des rêves érodés
Des pas
à façonner ensemble
des lambeaux de mémoire
Bruno Ducey
July 2009
Translated by John Pope
- ABRAMOWITZ, HAROLD
- ADELL JOAN-ELIES
- ALMEIDA, ALEXIS
- ANGELAKIS, ANDREAS
- ANGELOU MAYA
- ANGHELAKI-ROOKE, KATERINA
- ANTIOHOU, GIANNIS
- APPS, STAN
- ARKADI, STELLA
- ARRIEU-KING, CYNTHIA
- ARSENIOU, ELISAVET
- ASHBERY, JOHN
- BAEV, ANTON
- BEKOU, ATHINA
- BLAINE, JULIEN
- BOUHLAL, SIHAM
- CELAL,
- CELAL, METİN
- CHOULIARAS, YIORGOS
- DALAKOURA, VERONIKI
- DEL REY, LANA
- DICKISON, STEVE
- DIMOS, HELEN
- DJORDJEVIC, GORAN
- DOOLITTLE, HILDA "H.D."
- DOUCEY, BRUNO
- ECK, MATTHEW
- ECONOMOU, GEORGE
- EMINESCU, MIHAI
- EPISKOPOU, MARIA
- FRIES, KENNY
- GARCIA, ANGELA INES
- GERTRUDE STEIN
- GEVIRTZ, SUSAN
- GONZÁLEZ SPAIN, PILAR
- GOVRIN MICHAL
- GRECEANU, ADELA
- GRIMA, ADRIAN
- HADJIDAKI, NATASHA
- HALL, GORDON
- HAQ, KAISER
- HIGGINS, KEVIN
- HRISTOV, IVAN
- img src=anthologio.gif border=0>LODEVE
- INGUANEZ, SIMONE
- ISTVAN, LASZLO
- JONES, LAURYN
- KARRA, AMARYLLIS ELENI
- KATTAN, ROLANDO
- KHAN, MONEEBA
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